top of page
Rechercher

LA BIOETHIQUE

  • michelfresneau0278
  • 18 nov. 2015
  • 44 min de lecture

Dans ce document, il faut souligner que le problème général de la bioéthique a été complètement modifié par la découverte du Pr. Yamanaka montrant que les cellules adultes peuvent régresser et devenir omnipotentes et se différencier ensuite … (cela lui a valu le Prix Nobel en 2021). Plus n’est besoin de sacrifier des fœtus, même s’il s’agit de fœtus surnuméraires et abandonnés de « tout projet parental » …

Dans la Doctrine Sociale de l’Eglise, (qui est entérinée aussi par beaucoup qui n’appartiennent pas à l’Eglise Catholique …), les 4 principes en sont : la personne humaine (c'est-à-dire sa dignité), le bien commun, le principe de solidarité, le principe de subsidiarité.

La personne humaine passe avant le bien commun (qui représente l’Etat), non qu’il faut se méfier de l’Etat, mais que la démocratie est au prix du respect des personnes. Sinon, toute culture risque un totalitarisme : le XX° siècle en a vu beaucoup et le XXI° n’en sera pas exempt ! L’Etat ne peut pas outrepasser les droits de la personne ! Le principe de subsidiarité est nécessaire pour prévenir tout totalitarisme : Léon XIII l’avait évoqué, Pie XI en a énoncé le terme lors de la montée du fascisme, du nazisme et du communisme …

La notion de « personne potentielle » a été créé par les comités d’éthique, mais aussi par des scientifiques comme le Pr. Eccles, Prix Nobel ; ceci n’est pas une mauvaise chose puisqu’il va à l’encontre d’une tentative de « chosification » de l’embryon, c'est-à-dire de matérialisme absolu ; mais, ce n’est pas la position de l’Eglise Catholique ! Celle-ci dit que l’embryon est une personne dès la fécondation de l’ovule par le spermatozoïde ! Et, quelque handicap qu’il puisse être porteur. Dès l’Ancienne Alliance, les Juifs reconnaissaient à l’embryon d’être une personne : notons, par exemple, le Psaume 139(138), versets 13 à16 (C’est Toi qui m’a formé les reins, qui m’a tissé au ventre de ma mère, je te rends grâce pour tant de prodiges, merveille que je suis, merveille que tes œuvres.

Mon âme, Tu la connaissais bien, mes os n’étaient pas cachés de Toi, quand je fus façonné dans le secret, brodé au profond de la terre.

Mon embryon, Tes yeux le voyaient, sur ton livre, ils sont tous inscrits les jours qui ont été fixés et chacun d’eux y figure. ) … de même, la naissance de Jérémie (Jer 1,5) entre autres ! Certaines traditions asiatiques, chinoises entre autres, faisaient remonter la vie, non pas à la naissance sur terre, mais au début présumé de la vie fœtale.

Un volume, à plusieurs auteurs (entre autres, Christine Boutin, G. Mémeteau, J. M. Poisson, le Père M. Schooyans, le Pr. L. Israël, D. Folscheid et d’autres …) s’appelle « le mythe bioéthique » (Editions Bassano) : excessif peut-être, mais fruit d’une certaine exaspération devant les excès d’une certaine bioéthique et qui s’apparente à un nouveau dogmatisme ; c’est la nécessité d’un « consensus », car14 il faut bien être discret quand on sait que 220.OOO enfants ne naissent pas en France depuis la Loi Veil-Pelletier du 17 Janvier 1975 mais, on n’en parle pas … (il s’agit sans doute d’un « refoulement » national) … bientôt, avec le dépistage sanguin, non invasif, 100 pour cent des trisomiques pourront être dépistés, alors qu’ils ne sont actuellement « que » 96 pour cent !

La question bioéthique s’avère rendue compliquée par les multiples développements qui ont suivis « la fécondation in vitro » : sélection embryonnaire (avec sa dérive eugéniste), utilisation des embryons, dits« surnuméraires» à des fins de recherche, quelquefois vulgairement à des fins commerciales …

Mais, sur tous ces points, la position du Saint Siège n’a pas varié ; elle s’est toujours tenue à distance de ces errements. Témoin, le dernier Document de la Congrégation de la Doctrine de la Foi : « Instruction Dignitas Personae sur certaines questions de Bioéthique » du 8-09-2008.

Auparavant, Mgr. Bruguès avait bien synthétisé la position de l’Eglise dans son livre : « La fécondation artificielle au crible de l’Ethique Chrétienne » (éditions Communio- Fayard).

L’Eglise Orthodoxe présente la même position, comme l’exprime Mgr. Hilarion Timoféev.

Le Père M. Schooyans (maintenant Monseigneur), Professeur Emérite de l’Université de Louvain s’insurge de ces contradictions, qui touchent pratiquement tous les pays d’Europe et d’Amérique du Nord, pourtant pays qui s’honorent d’être « patries des droits de l’homme », et où l’avortement (de convenance ?) et l’eugénisme ont désormais droit de cité …

Dans le livre sus nommé, il nous donne un résumé de sa pensée exprimée dans de nombreux ouvrages- il a été l’inspirateur de Jean Paul II pour l’encyclique « Evangelium Vitae »- les débats qui ont mené plusieurs pays d’Europe à libéraliser l’avortement, comportent une dimension politique et juridique qui n’a généralement pas été perçue d’emblée, et que beaucoup ne mesurent toujours pas. On aurait pu croire qu’il s’agissait de légiférer sur un problème particulier, limité et précis … En réalité, les lois libéralisant l’avortement renvoient à des questions décisives concernant le fondement du droit. Prenons, par exemple, la loi Veil qui, depuis 1975 réglemente l’avortement en France … il y a en elle une dérogation meurtrière : c'est-à-dire une contradiction flagrante en ce qu’elle annonce d’abord le droit de chaque être humain à la vie dès le commencement de celle-ci. Mais le législateur introduit, dès la deuxième phrase une dérogation au principe universel qu’il vient d’énoncer… Le législateur hypothèque, c'est-à-dire, subordonne le droit de l’être humain à la vie à certaines conditions ou caractéristiques qu’il définit dans la loi positive Bref, le droit à la vie de l’être humain non né est subordonné à une condition suspensive

Cet article a une portée qui dépasse de loin la question de l’avortement. Il révèle le caractère pernicieux du positivisme juridique radical, qui considère que la loi à sa source dans la volonté de l’Etat s’exprimant par le législateur. Lorsque triomphe ce positivisme, le droit cesse d’être un rempart contre la tyrannie ; il devient, au contraire, une arme redoutable servant à camoufler ou à « justifier » les abus de pouvoir les plus flagrants.

Il est d’ailleurs piquant de rappeler à ce propos que Kelsen, père d’un positivisme juridique ayant essaimé partout, finit par être victime du système qu’il avait construit. Etant juif, il dut quitter le III° Reich au pas de course pour échapper aux exterminations que lui-même avait contribué à « légitimer ». Avec lui étaient posées les bases de la vassalisation du droit au service de la volonté du plus fort. Pire encore : on ne pourrait plus faire appel au droit, et moins encore, aux droits de l’homme pour contrecarrer la pétulance des totalitarismes émergents. Une façon comme une autre de réactiver l’aphorisme de Bismarck : « Macht geht vor Recht » (le pouvoir précède le droit)

Ce positivisme entraîne donc des retombées politiques. Il mine dans ses bases la tradition démocratique occidentale, laquelle se nourrit de l’extension des droits fondamentaux de l’homme à l’universalité des droits humains. Des lois libéralisant et légalisant l’avortement comme la loi Veil ou comme d’autres lois semblables, font vaciller dans leurs fondements la philosophie politique et la philosophie du droit grâce auxquelles les sociétés démocratiques ont lutté, souvent victorieusement contre les absolutismes les plus délirants.

La même démarche apparaît dans les tentatives insistantes visant à légaliser l’euthanasie. C’est à Karl Binding (inspirateur du nazisme) que les partisans de celle-ci doivent quelques-unes de leurs arguments de choc. Dès 1920, ce juriste plaidait en faveur du « permis de détruire une existence » définie comme « ne valant pas la peine d’être vécue »

Les partisans de l’euthanasie font donc écho à ceux de l’avortement et les historiens auront bien de la peine à discerner quel camp a été le premier à influencer l’autre. En tout état de cause, là où les parents sont autorisés à éliminer leurs enfants, on ne voit pas pourquoi on refuserait aux enfants le droit d’éliminer leurs parents- toujours « dans certaines conditions définies par la loi »…

Les régimes totalitaires, qui ont endeuillé le XX° siècle, ont été démantelés ; les fascismes et le nazisme, par les armes, le communisme par implosion. Mais la défaite des régimes ne signifie pas l’éradication des idéologies qui les ont inspirées

Le marxisme, par exemple, survit dans les sociétés occidentales anglo-saxonnes sous l’idéologie féministe du genre (en anglais « gender »). Il s’agit alors d’une relecture inspirée par Engels qui vise la famille monogamique ... La Conférence de Pékin (1995), par l’entremise des féministes radicales, se réclame de « l’idéologie du genre »…

Le pire, c’est que la tradition libérale elle-même qui a alimenté l’histoire des démocraties occidentales, finit par se laisser miner par les idéologies totalitaires contre lesquelles elle s’est régulièrement élevée .Elle fait sienne « une éthique de la responsabilité» au terme de laquelle le responsable politique n’a à répondre de rien devant personne si ce n’est lui-même

Que le libéralisme puisse conduire à des formes nouvelles de tyrannie se comprend aisément. A force d’exalter la liberté de l’individu et sa totale autonomie, le libéralisme contemporain s’est curieusement engagé dans un mécanisme pervers qui l’amène d’abord à admettre, ensuite à « justifier » l’oppression des plus faibles par les plus forts. Il s’agit, en un premier temps, de respecter la sélection naturelle préconisée par le pasteur-économiste libéral Malthus. Cette théorie popularisée par Darwin et radicalisée par son proche parent Galton, idéologue de la sélection naturelle et donc de l’eugénisme a été mise en œuvre par le Nazisme, bien que théorisée au départ par des Anglo-Saxons.

Or, en un second temps, ce processus pervers entraîne le libéralisme contemporain à geler son adhésion aux grandes déclarations des droits de l’homme, tantôt on recourt à des trafics sémantiques qui travestissent leur contenu ; tantôt on étouffe ces déclarations sous des chartes bidon qui en exténuent le sens … Ces droits déclarés étaient considérés comme découlant de la nature des choses, en l’occurrence des êtres humains ; désormais, ils ne peuvent plus résulter que d’une procédure consensuelle au terme de laquelle des individus, attentifs à leurs opinions respectives, prennent des décisions ponctuelles qui ne sauraient les lier. C’est de cette procédure qu’est sensée naître la justice. (cf. l’œuvre de John Rawls)…

On constate même que la tradition libérale court le risque d’être privée de son identité, aliénée et d’être soumise, sur un point clé, à une réinterprétation marxiste tout à fait inattendue. Elaborée par l’Organisation mondiale de la santé (O.M.S.), le nouveau paradigme de la santé envisage la santé comme un produit parmi d’autres, que l’on achète ou non, selon que les patients sont solvables ou non. La santé est subordonnée aux « lois » de l’économie libérale et les politiques de la santé larguent le souci de la solidarité. L es maladies seront traitées en fonction de divers critères utilitaristes … il conviendra de prendre en considération la solvabilité des patients, de procéder à un calcul coût\bénéfice et, éventuellement d’envisager l’euthanasie.

On l’aura déjà remarqué, ce « nouveau paradigme », cette « nouvelle éthique » est radicalement « néo-libérale ». Mais elle est révélatrice de l’ascendant exercé actuellement par le marxisme sur le libéralisme contemporain. Aujourd’hui une nouvelle lutte des classes est engagée entre les être humains et entre les sociétés. L’enjeu de cette lutte, c’est la conquête de la santé et c’est la survie. En se pervertissant, le libéralisme contemporain engendre un nouvel organicisme selon lequel les individus et les sociétés particulières peuvent être soignées et survivre pour autant qu’ils soient utiles dans l’impitoyable marché global.

Bref, tranche par tranche, victime de la « tactique du salami », le libéralisme s’est laissé dépouiller de l’élément le plus précieux de sa tradition : le respect de tous les hommes. Des démocraties occidentales sont en train de dépérir parce qu’elles ont renoncé à faire la justice dans la vérité : les décisions d’importance majeure y sont prises, désormais, au terme d’un processus consensuel. Sanctionnée par ce que Tocqueville appelait la « tyrannie » de la majorité et qu’on est fondé à appeler aujourd’hui « la tyrannie du consensus », les lois y sont devenues en effet le reflet de compromis toujours remis en question, de calculs d’intérêt, de marchandages où se mesurent des rapports de force. …

Mais des moralistes de premier plan prennent en compte des normes morales objectives (traditionnelles), des valeurs qui s’imposent à tous les hommes, des droits de l’homme innés et universels. Ils reconnaissent que la vie humaine est un donné premier, que le corps de la personne humaine n’est pas disponible ….. Il faut cependant observer qu’à côté de la bioéthique que nous venons d’évoquer sommairement, il en est une autre qui soulève bien des interrogations et justifie bien des inquiétudes- dans cette bioéthique-ci, les références à la médecine hippocratique et judéo-chrétienne sont rapidement émoussées et même déclassées ; elles sont déclarées « obsolètes », « inadaptées », « obscurantistes » ; « nouveau paradigme » oblige ! On prétend que ces références intimident les chercheurs, briment leur liberté, freinent leur recherche. Dès lors on repend l’antienne : « Du passé, faisons table rase ! » Vite fait, bien fait. Le monde des sciences biomédicales ayant congédié sa morale, il fallait qu’il se mît en quête d’une éthique.

Les éthiques procédurales appuyées par celles de « l’option fondamentale » et

du « proportionnalisme » surgirent à point nommé pour combler le vide moral qui venait d’être décrété.. Les hommes de laboratoire et les médecins avaient besoin de légitimation pour cautionner leurs expériences … La bioéthique poursuit sur cette lancée, et veut faire de l’éthique sans morale ni anthropologie. Elle est un des sous-produits de la crise de la morale fondamentale, que devait analyser le Pape Jean Paul II dans Veritatis Splendor (1993). On fit sonner les trompettes médiatiques : une nouvelle discipline était née, totalement nouvelle, totalement autonome, libérée, enfin. Ni interdits, ni surtout prescrits. La transgression elle-même devait être honorée puisqu’elle honorait la quête éperdue du consensus.

(A ce propos, me vient à l’esprit ce que raconte Mgr. Bruguès dans son livre : « La fécondation artificielle au crible de l’éthique chrétienne » (Editions Fayard, collection Communio) : il rappelle le proverbe asiatique du cheval emballé et du paysan : le paysan demande au cavalier : mais où vas-tu ? le cavalier répond au paysan : « je ne sais pas ; demande à mon cheval » Le cheval emballé est une métaphore exprimant la recherche en bioéthique, bien sûr !) …

Dans la mesure même où elle rejette toute norme morale objective, la bioéthique apparaît donc comme le dernier avatar du scientisme, s’auto-condamnant à être toujours en retard d’une guerre, mais aussi à toujours courir au secours de la victoire, puisque les transgressions précèdent toujours les légitimations que le zèle bioéthique s’empresse de leur apporter.

La bioéthique donne souvent lieu à des discussions byzantines ou casuistiques qui finissent par occulter le vrai problème qui lui est sous-jacent. Car en fin de compte, tout se résume à la question cruciale : Sommes-nous disposés à reconnaître les droits de l’homme fondamentaux à tout être humain ? De la réponse, implicite ou explicite à cette question, dépend la qualité de la société que nous sommes en train de construire.

Alors que les sciences biomédicales disposent de moyens de plus en plus performants pour reconnaître l’existence d’un être humain, ce même être humain est en danger au début, au cours et à la fin de sa vie biologique. Cette situation a quelque chose de paradoxal et d’effrayant, puisque le XX° siècle a été le théâtre des expériences totalitaires les plus terribles de l’Histoire. Evidemment, les causes de la déprotection de l’être humain sont complexes, mais il faut d’abord les chercher courageusement dans les courants qui ont inspiré ces expériences néfastes et qui survivent aux régimes totalitaires que ces mêmes courants ont engendré.

A cela, il faut ajouter un relativisme intégral rehaussé d’une pincée de cynisme. Beaucoup renoncent à leurs convictions ou rejettent toute conviction : beaucoup font semblant de ne pas savoir que l’histoire de la démocratie coïncide avec l’histoire de l’extension universelle des droits de l’homme. La recherche de consensus s’opère à travers des négociations au cours desquelles les partis en présence se livrent à une arithmétique des intérêts sans mesurer les malheurs qu’elles attirent ou les larmes qu’elles provoquent. En cette année ou nous célébrons le 65° anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (1948) (il y a quelques jours, en ce début de Mars 2013, mourait S.Hessel qui en fut un des protagonistes) les hommes sont de moins en moins enclins à reconnaître des droits de l’homme d’extension universelle. Cette déclaration elle-même est exposée à bien des périls.

Les gens ont désappris à s’aimer : voilà le cœur du drame. Des hommes et des femmes sont exclus de leurs droits les plus élémentaires ou ces droits sont modulés -toujours d’après des critères utilitaires- selon l’appartenance géographique, sociale ou raciale. Une fois de plus, dans l’Histoire, des lois deviennent des instruments zu service d’une nouvelle barbarie.

… Nous sommes portés à nous soumettre à l’autorité du plus fort, de celui qui a de l’autorité, de l’argent, du savoir. Il nous paraît très commode de nous soumettre à la Loi, parce que c’est la Loi ; à l’Etat parce que c’est l’Etat ; à l’O.N.U., parce que c’est la majesté de l’O.N.U. Nous nous laissons intimider par des abus de pouvoir flagrants et finissons par consentir à la servitude volontaire. ( sans doute, allusion à Etienne de la Boëtie)

Déjà en France, terre- dit-on- des Droits de l’Homme et phare mondial de la démocratie, il est « politiquement incorrect », voire dangereux, de mettre en question la Loi qui légalise l’avortement. Et l’Union Européenne, sénile et amnésique, se prépare à gagner une nouvelle bataille contre la vie en légalisant l’euthanasie.

… En cette époque de globalisation, la bioéthique, pour survivre, doit renouer avec les normes d’une morale objective, et notamment celle qui dit : « Tu ne tueras pas ». Elle doit élargir l’éventail de ses préoccupations et inclure l’examen de politiques nationales et internationales qui concernent la vie humaine.

Le moment est donc venu de poser quelques questions. Par exemple, celle-ci : « Cela a-t-il un sens de revendiquer une autonomie totale et de prétendre arriver à un consensus ? Une casuistique sans référence à aucune norme objective suffit-elle à rendre justes des décisions prises en comité.

Plus fondamentalement : sous le label de la bioéthique, ne discerne t-on pas les lignes de faîte d’un remake idéologique ? La bioéthique que nous venons d’examiner n’est-elle pas une mystification cachant la justification d’options de recherche, d’investissements de recherche et\ou de programmes politiques, tous définis selon une arithmétique des intérêts de toute sorte ? N’est-elle pas trop souvent une extrapolation contemporaine des idéologies qui, jadis et naguère, ont tenté de légitimer la survie des plus forts, la sélection, la discrimination, l’eugénisme ? Déjà, dans le tiers-monde, des comités de bioéthique ont consenti à l’avortement et à la stérilisation de masse, leur contribution au développement prend la violence exercée contre les pauvres. Pourquoi, en Europe, des comités s’inspirant de la même casuistique bioéthicienne ne consentiraient-ils pas à cette même « violence douce » de l’euthanasie afin de renflouer les Caisses des Mutuelles et de soulager « les fonds de pension » ? Derrière une certaine « bioéthique » se cache une immorale idéologie dédouanant la violence. Après avoir phagocyté la morale, cette bioéthique ensorcelle le droit et le subjugue. En somme, n’est-ce pas par le biais de la bioéthique, ici dénoncée, que procède la plus grave menace qui pèsent aujourd’hui sur les droits de l’homme.

Aujourd’hui (22 novembre 2014) en France sont en discussion la P.M.A (Procréation médicalement assistée, principalement en cas de « mariage » homosexuel), la G.P.A. ( Grossesse pour autrui) et l’Euthanasie (au moins certaines formes … ). J.M. Le Méné note que « l’éradication » des enfants trisomiques (96% éliminés lorsque le diagnostic in utéro est réalisé au cours de la grossesse) s’aggravera sans doute avec les nouvelles avancées de la technique où une prise de sang pendant la grossesse (donc, non-invasif) permettra le diagnostic de trisomie. Il dit, et aussi le Pr. J. Testard, pourtant un des pères d’Amandine, que le diagnostic pré-implantatoire est d’une autre nature que la diagnostic pré-natal, que nous changeons de registre : ce diagnostic préimplantatoire a des buts nettement eugénistes. L’Eglise Catholique récuse toute intervention pour pallier des difficultés de procréation : Conservatrice inutilement ? NON, c’est plutôt un grand OUI à la vie qu’elle prononce, mais c’est là un autre débat. Le Saint Siège (la Congrégation pour la Doctrine de la Foi) a produit à 20 ans d’intervalle deux documents : le premier date du 12 Février 1987 et se nomme « Donum Vitae » (le Don de la Vie, en France) ; le second, publié le 8 Septembre 2008 est une actualisation du précédent ; il se nomme « Dignitatis Personae ». Comme nous le disions plus avant, l’Eglise condamnait les FIVETE (Fécondation in Vitro et Transfert d’Embryon) et l’insémination artificielle « in utero ». Cette condamnation touchait aussi bien les cas de fécondation homologue (c'est-à-dire du couple lui-même) que celui de fécondation hétérologue (c'est-à-dire si le donneur est extérieur au couple) ? Cette condamnation a pu paraître sévère, puisqu’elle condamnait les tentatives de fécondation ou d’implantation à l’intérieur du couple ; mais, l’avenir lui donnera sans doute raison, puisqu’elle consacrait la « toute puissance » de la techno-science et l’intrusion d’un tiers dans les relations du couple.

Mgr. E. Sgreccia, maintenant Cardinal, a publié un livre concernant la « bioéthique ». De même en ce qui concerne Mgr. Tettamanzi, également Cardinal, ce qui prouve bien que le rôle de l’Eglise Catholique est de « Christianiser » ces notions !

Au cœur du débat se trouve la notion de « personne ». Quand commence t-elle ? La notion de « personne potentielle » est-elle justifiée ? Quel statut accorder à l’être humain ?

Les législateurs de nombreux pays- européens et nord-américains hésitent à accorder le statut de « personne » à l’être non encore né, parce que cela évidemment remettrait en cause la notion d’avortement (qui serait alors reconnue comme un meurtre !) Le Comité Consultatif National d’Ethique (C.C.N.E.) qui n’a qu’une voix consultative- mais dont les avis sont souvent écoutés par les législateurs- parle de « personne potentielle » (24 mai 1984), ce qui est déjà une avancée significative …

« L’embryon est-il une personne ? » C’est bien là la question de fond. Et ce qui est paradoxal c’est que au fur et à mesure que nos « imageries médicales » sont de plus en plus sophistiquées, la notion d’embryon qui serait « une personne », c'est-à-dire « indisponible » comme le dit l’Eglise Catholique l’est moins ! Ce qui remettrait en cause l’avortement légalisé dans de nombreux pays.

La loi Lady Warnock en Grande- Bretagne ne fait commencer la vie humaine « qu’au 14° jour après la conception », c'est-à-dire à un moment où l’accrétion de l’embryon à l’utérus est certaine (il faut 5 ou 6 jours à l’embryon pour « transiter » dans la trompe). Cette loi date « seulement » de Juillet 1984, c'est-à-dire que les lois sur l’avortement datent de plusieurs années auparavant (entre autres aux U.S.A. et la plupart des pays européens ; en France, la loi Veil est du 17 janvier 1975). Celle- ci permet les expérimentations en laboratoire sur ce « matériel » (!) fœtal ; mais sait-on à quel moment exact a lieu la fécondation : « in vitro », c’est certainement facile si cette fécondation a leu « in vitro », mais autrefois, elle se passait « in vivo » ; ainsi, à 14 jours moins une seconde : ce serait un pré-embryon, mais à 14 jours plus une seconde ce serait un embryon sur lequel il serait interdit d’expérimenter ! Soyons sérieux … (alors que personne ne sait avec certitude le moment de la fécondation, sauf, in vitro, bien sûr)

Certains ont dressé la notion de « personne potentielle » : nous l’avons vu plus haut, c’est l’avis du C.C.N.E., nous venons de le voir ; c’est aussi l’avis de Sir John C. Eccles. Pour d’autres complètement matérialistes, la notion de personne n’a aucun sens: je pense à certains Prix Nobel comme Watson et Crick ou J. Monod …

« Personne potentielle » ? Mais, comment définir la notion de « personne » : est-ce le langage et son apparition, la capacité de marcher qui définissent la personne ?

L’Eglise Catholique ne dit pas cela : est « personne » le fœtus dès que l’ovule a été fécondé par le spermatozoïde ; c'est-à-dire que cette notion de « personne » est indépendante de toute qualité acquise- par exemple le langage ou la station debout- ceci exclut tout avortement provoqué dès la fécondation. Ceci, bien sûr, revalorise le lien entre la mère et l’enfant ! Mme Marie Hélène Congourdeau (Librairie A.Fayard, collection Communio n° IX, Sept. Octobre 1984) dit que pour l’Eglise Catholique elle-même, si les débats ont été souvent vifs entre les partisans d’une « animation tardive », comme St. Thomas d’Aquin (tardive, c'est-à-dire quelques semaines de grossesse !), et ceux d’une simultanéité de création entre le corps et l’âme, comme Maxime le Confesseur (VI° siècle), en tout cas pour l’Eglise, l’embryon est bien une personne !

Pour l’Eglise Catholique, il ne saurait être question de personne potentielle. La notion de personne est liée à l’être et est donc antécédente à toute acquisition de langage ou de liberté. En témoigne la position de l’Eglise exprimée dans le Compendium de la Doctrine Sociale ; n° 131, page 72 : « Toutefois, ce ne sont ni l’intelligence, ni la conscience, ni la liberté qui définissent la personne, mais c’est la personne qui est à la base des actes d’intelligence, de conscience et de liberté. Ces actes peuvent manquer sans pour autant que l’homme cesse d’être une personne. » Au total, l’individu le plus handicapé (dans ses capacités relationnelles, entre autres) ne cesse jamais d’être une personne.

(Pour J.Daujat, ces discussions entre les qualités nécessaires pour être qualifié de « personne » sont sybillines : au-delà de toutes qualités prédomine la notion « d’être » : c’est une notion philosophique plus que scientifique! Cette définition rattache la personne à un au-delà de son être physique et son degré d’intelligence !)

La notion de personne est liée à l’être et est donc antécédente à toute acquisition de langage ou autre…

Au n° 131 du Compendium de l’Eglise Catholique (p.721), nous lisons : « Toutefois, ce ne sont ni l’intelligence, ni la conscience, ni la liberté qui définissent la personne, mais c’est la personne qui est à la base des actes d’intelligence, de conscience et de liberté. Ces actes peuvent manquer sans pour autant que l’homme cesse d’être une personne. » Le plus handicapé ne cesse d’être une personne.

On peut dire que deux visions du monde s’affrontent :

  • une vision, disons anglo-saxonne dont le chef de file est H.T. Engelhardt, médecin et moraliste, qui a fait un manuel de bioéthique mondialement connu et qui préconise de limiter la notion de personne aux êtres bien conscients, communicants et éliminer les êtres qui ne sont plus conscients (maladie, sénilité …) ou ne l’ont jamais été (embryons et fœtus, handicaps congénitaux)

et une vision plutôt latine, qui est celle de l’Eglise Catholique, préconisant que le statut de personne appartient à tout être humain dès sa fécondation (et non, dès sa naissance !). Dans cette vision, tout avortement, toute euthanasie sont exclus.

Cette identification de la personne à l’être, comme nous l’avons vu plus haut peut sembler trop « philosophique », trop « métaphysique » … ? Ne serait pas là plutôt le symptôme d’une pensée un peu timide, les philosophes, eux-mêmes ne voulant plus « s’avancer sur ce terrain » … de la sorte, eux-mêmes sont les vecteurs de cette pensée « consensuelle ». C’est bien là la source de ce relativisme moral qui afflige notre société …

La notion de personne potentielle, si elle peut en satisfaire beaucoup, n’élude pas un risque majeur « où commence et où finit la personne potentielle ? Qui la définit ? Comment la définir ? Est-ce la capacité de communiquer ? On sait bien que la communication n’est pas seulement verbale ; les mères le savent mieux que tout autre qui apprennent à parler à leur enfant. Alors, quand la personne commence t-elle ? Le handicapé profond, la personne dans le coma, et tout simplement nous quand nous dormons, sommes-nous encore des personnes ?

La position de l’Eglise Catholique (et certainement pas elle seule : tous ceux qui sont persuadés que l’homme ne se cantonne pas à un univers matériel), cette position est que la notion de personne précède toutes les déterminations (Compendium n° 131). Le handicap entérine cette notion de la personne, mais nous abordons là un continent bien plus large, c’est à dire qu’on peut être intelligent en employant d’autres capacités que celle de notre simple raison …

Cette notion de « personne potentielle », si elle encore bien encadrée, est susceptible de toutes les dérives, pas seulement des drames de l’avortement, mais aussi d’éliminer les grands handicapés, les gens qui ne communiquent (apparemment) plus …

L’eugénisme est déjà la règle, avec la sélection des embryons s’il y a eu diagnostic pré-implantatoire. Me vient à l’esprit la réflexion de Mgr. Lustiger interviewé par un journaliste du Monde au sujet de ce dit diagnostic pré-implantatoire : « Est-ce que vous ne croyez pas qu’il y a un risque d’eugénisme avec cette pratique ? - Non, ce n’est pas un risque … car nous y sommes déjà. »

L’euthanasie également est en route, nous suivons la trace d’autres pays du Nord de l’Europe. Citons un mot de Mgr. D’Ornellas responsable au sein de la Conférence des Evêques de France des questions de Bioéthique et Archevêque de Rennes : « Je crains qu’une dérive vers l’euthanasie pour une loi programmée en France prochainement (nous sommes en Mars 2013) ... La question est celle de l’intention. La dignité de l’homme s’exprime en partie dans sa capacité de discernement et donc d’intention. L’intention de faire venir la mort est toujours coupable. Au fond de la conscience humaine- et c’est sa dignité-, il y a toujours cette parole fondatrice de liberté et de solidarité : tu ne tueras pas.

En 2.012, la France est passée d’un « régime de dérogation » à un « régime d’utilisation sans restriction » des cellules embryonnaires … (il faut bien utiliser « ce matériel » dont nous disposons avec les cellules surnuméraires qui ne sont plus réclamées par les parents!) : jusque là, seules étaient utilisées les cellules étrangères, dont les contrats de travail avec des laboratoires étaient données largement par l’Agence de BioMédecine (A.B.M.). A partir de la dernière Loi de Bioéthique (2012), l’utilisation des embryons est devenue chose plus facile, cette utilisation est devenue plus facile ; ce qui fait dire qu’il est beaucoup plus facile et surtout moins cher de les utiliser que d’utiliser des embryons

d’animaux plus chers et mieux protégés !

Ce 16-07-2013, le Gouvernement Français et l’Assemblée Nationale, et c’est la suite de ce qui précède, ont voté une loi autorisant la recherche sur les embryons et des cellules souches embryonnaires, les faisant passer « d’un régime dérogatoire » à celui « d’autorisation encadrée » livrant l’embryon aux souhaits des chercheurs … « La Fondation Jérôme Lejeune regrette que les représentants politiques n’aient pas voté en conscience alors que les conséquences de ce bouleversement sont majeures … ces décisions portent atteinte à l’Etat de Droit. L’embryon humain est présumé disponible pour être détruit dans la recherche … L’embryon humain dit « surnuméraire » devient officiellement un réactif de laboratoire … la recherche non-embryonnaire- la seule à être à la fois éthique et efficace aujourd’hui- sera sacrifiée dans les plans de financement ; la France va creuser son retard pour des raisons idéologiques, les députés ont enfermés la France dans l’aveuglement et la fantasme autour des prétendues (depuis près de 20 ans !) perspectives de la recherche utilisant l’embryon humain». Rappelons que les découvertes du Pr. Yamanaka rendent caduques ces recherches sur l’embryon.

L’Assemblée Nationale s’est contentée d’enregistrer, livrant la recherche sur l’embryon aux laboratoires et ainsi sans doute aux puissants groupes financiers, le tout sous le couvert de l’Agence pour la Biomédecinc (A.B.M.) ! Cette loi entraîne les foudres de Mgr. D’Ornellas, car cette loi est passé sans débat parlementaire : « Nos parlementaires ont-ils oublié qu’ils ont été un jour des embryons ? »

Fin 2021, le prix Nobel de Médecine était décerné au chercheur japonais, le Pr. Yamanaka, pour son travail sur les Cellules Souches Adultes : il a réussi à les faire regresser et à devenir « pluripotentes », (c'est-à-dire capables de donner n’importe quel tissu) les cellules iPS (induced Pluripotent Stemcells)- Ces cellules sont beaucoup moins cancérigènes que les cellules embryonnaires entre autres. Alors pourquoi l’Etat Français s’acharne tant à privilégier les cellules embryonnaires ; peut être parce que des intérêts financiers importants sont en jeu ? Pourtant, il est bien montré que ces recherches sont restées sans succès jusqu’à maintenant (c’est à dire une bonne douzaine d’années) ! On évolue vers « une chosification » de l’embryon, celle-ci participe à un processus de matérialisation de tout notre être, certains mouvements écologiques doivent être heureux de cette évolution, qui voudraient nous faire ré-entrer dans la lignée animale!

Dans le n° 156 du journal de l’Institut Jérôme Lejeune, l’Institut s’insurge contre le dépistage de la Trisomie 21 par simple prise de sang au cours de la grossesse (et non plus par voie invasive) ; on peut passer des 96% actuels vers 100% !. Là encore, il y a une alliance entre les puissances d’argent et l’Agence de Biomédecine, cette fois par la Comité National Consultatif d’Ethique.

Citons un paragraphe de Mgr. Aupetit dans son livre « L’embryon, quels enjeux ? » (Editions Salvator) : « La science a-t-elle besoin de l’éthique ? Le rôle de l’éthique est fondamental sur tous ces sujets. Elle est la conscience du monde qui s’interroge légitimement sur l’humanité des moyens et des fins de la science. Rappelons-nous la phrase de Rabelais toujours d’actualité « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme »

L’éthique n’entrave pas la recherche scientifique, elle l’oriente et, ce faisant, lui donne sa légitimité et l’encourage à travailler toujours davantage au service de l’homme et de sa dignité. »

(Le 14 avril 2004, dans le New England Journal of Medecine, Elie Wiesel, lui-même déporté au camp de concentration de Buchenwald, et Prix Nobel 1995, note que l’euthanasie et l’eugénisme faisaient partie du programme nazi depuis Octobre 1939 et que ce programme s’appelait Gnadentod ( ce qui veut dire que « la mort est une grâce) ; sans doute l’euthanasie était déjà motivée par une fausse commisération… en contradiction complète avec le serment d’Hippocrate que tout médecin est appelé à observer ! ) Pour rappeler que l’euthanasie et l’eugénisme ont eu des précédents dans l’histoire …L’article s’intitule : « Without consciousness » : « Sans conscience », la science n’est que ruine de l’âme !

Toujours, dans Généthique », (Généthique n° 154, Avril 2.013) :

« Sur les enjeux bioéthiques, l’actualité, le point de vue des décideurs, institutionnels et responsables politiques révèlent une pensée libertaire, et le culte de la transgression. En France, l’année 2.013 a commencé très fort : remboursement à 100% de l’interruption de grossesse, volonté d’autoriser la recherche sur l’embryon, d’ouvrir la procréation médicalement assistée aux couples homosexuels ou de convenance, projet de dépénaliser l’euthanasie ou légaliser la sédation terminale .. La bioéthique est aujourd’hui en crise.

Henri Hude, philosophe (normalien, enseignant à l’Institut Jean Paul II à Rome) nous en donne certaines clés :

« … Question : Vous proposez une « nouvelle philosophie des décideurs ». Pensez-vous qu’en matière de bioéthique elle pourrait permettre aux décideurs et à l’opinion publique, de prendre conscience de la réalité violente : embryons congelés, avortements contraceptifs, rejet du plus faible … pour trouver les moyens d’en sortir ?

Henri Hude : les décideurs doivent revenir à une juste appréciation des situations. Cela se fera naturellement. Le désastre de l’économie libertaire est évident. Or un même principe transgressif et libertaire inspire la finance et le commerce dérégulés qui ruinent les peuples, aussi bien que les projets sociétaux… Les gens finiront par voir la cohérence entre ces principes transgressifs, la dégradation de leur situation économique et l’anthropologie insensée qu’on veut leur imposer.

Comme le système transgressif marche de plus en plus mal et soulève une opposition croissante, on voit mal comment il pourrait durer longtemps. L’alliance de toutes les forces que les libertaires oppriment représenterait une énorme majorité.

La loi sur le mariage homosexuel, par exemple, est une performance en matière de transgressivité, mais c’est quand même une curieuse absurdité. Rétrospectivement, on y verra la démesure fatale qui aura déclenché le mécanisme de remplacement d’un système au bout du rouleau.

Je crois donc à un changement. La situation est prérévolutionnaire à peu près partout. Dans dix ans ce sera un autre monde :

  • Financièrement, ces oligarchies transgressives sont au bord de la faillite.

  • Economiquement, elles ont sacrifié en Occident l’industrie,

le développement local et le progrès social à la finance libertaire.

  • Politiquement, c’est un perpétuel déni de démocratie.

  • Culturellement, la minorité au pouvoir se réclame des Lumières, mais elle les a trahies. Un nihilisme transgressif, un projet totalitaire rusé, c’est une philosophie des ténèbres sans élan ni projet.

Il faut lutter avec confiance. »

Le Pape François, dans ses discours à Strasbourg en 2014 nous dit la nécessité de remettre la personne au centre, et non les institutions financières et politiques.

Jean Marie Le Mené dans son livres « Nascituri te salutant », plagiant le mot des prisonniers saluant l’Empereur Romain « O Cesar, morituri te salutant » (ils savent qu’ils vont mourir) affirme que le vent va bientôt tourner ! Le sous-titre de son livre est « La crise de conscience bioéthique » … Les « Morituri » actuels sont les 220.000 embryons sacrifiés par an, entre autres, les Trisomiques éradiqués : ces « morituri » vont se transmuer et devenir vivants : le monde change de régistre et les zélateurs de l’avortement de moins en moins convaincants … Les travaux du Pr. Yamanaka auraient dû convaincre les Français, mais malheureusement, alors que des laboratoires de recherche dans le monde entier travaillent sur des cellules souches adultes, la France s’obstine par les choix de sa 3° loi de Bioéthique à travailler sur des cellules embryonnaires … (notons que le Professeur Yamanaka vient de recevoir le Prix Nobel pour ses travaux). Et notre France est passée du régime de dérogation à celui rejetant tout interdit … En exergue de son livre, il cite la Fable d’un Sage Persan au sujet d’un Roi, atteint d’une grave maladie et cherchant à utiliser un enfant pour lui fournir les cellules qui lui manquent ; seul un enfant pauvre peut remplir les conditions qu’il recherche (tout finit bien quand il se rend compte que la fin ne justifie pas les moyens … Ce n’est pas sans rappeler la Fable racontée par Mgr. Bruguès au début de son livre : le cheval emballé qui ne sait pas où il va, et sur le paysan qui interroge le cavalier : où vas-tu comme cela ? « Demande à mon cheval », lui répond le cavalier. (Son livre « La Fécondation artificielle au crible de l’Ethique Chrétienne », (Editions Communio Fayard)

(Sait-on que dans nos pays d’Occident, il y a un médecin pour 300 habitants et qu’en Afrique, il y en a un pour 20.000 à peu près ; la même chose pour les infirmières et les sages-femmes! Il semble que l’Occident se satisfasse d’un monde à 2 vitesses ? Qu’en France, seulement, 220.000 enfants n’ont pas le droit de naître chaque année, mais,c’est identique pour presque tous les pays, que la France, par exemple, a décidé un « droit de la femme à l’avortement, alors que des sommes colossales sont dépensées pour faire vivre des enfants nouveau-nés de plus en plus prématurés, les progrès de la bioéthique sont-ils à ce prix ?)

Me viennent à l’esprit les mots du Pr. Lejeune lors du procès de Maryville (U.S.A.) ; il répondait à un journaliste américain : « Vous avez parlé de camp de concentration ? - non, j’ai parlé de « concentration can », ce qui est une manière, non d’accélérer considérablement la mort, mais de ralentir considérablement la vie. In. « L’enceinte concentrationnaire » éditions Le Sarment- Fayard.

Le même Professeur Lejeune rétorquait au pourtant célèbre Professeur Jean Bernard : ce dernier avait dit que « certaines transgressions dans le domaine de la médecine « étaient moralement nécessaires et nécessairement immorales » ; le Professeur Lejeune lui avait répondu en affirmant que « ces transgressions étaient moralement inutiles et inutilement immorales »

Rappelons que le Professeur Lejeune a été le découvreur de la Trisomie 21, la première anomalie chromosomique et est resté le grand défenseur de ceux-ci, autrefois appelés « mongoliens ».: il disait : « une phrase,une seule phrase dictera notre conduite, le mot même de Jésus : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. » (C’est la parole de Jésus inscrite sur sa pierre tombale)

( En Juillet 2.013, une ministre irlandaise (Lucinda Creighton, 33 ans, étoile montante du Fine Gaël) a préféré perdre son poste de Ministre plutôt que de voter une Loi entérinant l’avortement (pour les femmes enceintes menaçant de se suicider). Pourtant, elle avait été favorable à l’avortement quand elle était plus jeune … L’Irlande était un des derniers pays avec Malte à refuser que l’avortement fasse partie de l’arsenal des lois.)

Dans son film « Le cri silencieux » (The silent scream), le Professeur Bernard Nathanson, lui-même longtemps responsable de nombreux avortements aux U.S.A. pensait que l’avortement n’était pas détruire une vie humaine jusqu’en 1970 environ ; à cette date, des moyens technologiques nouveaux sont apparus, entre autres l’échographie ( celle-ci dans le film montre l’enfant, sécurisé dans ce « sanctuaire » maternel sent la menace de l’aspirateur qui cherche la fin de sa vie); sa conviction que l’embryon n’était pas un être humain, vivant, a complètement changé à la vue de son cœur battant et même de ses valvules après quelques semaines de vie intra-utérine seulement. Il a alors complètement changé sa vision des choses ! Aux U.S.A., après l’arrêt Roe versus Wade, l’avortement est devenu légal pour de nombreux états (Dans ce pays, chaque état a sa propre législation) : de quelques 100.000 avortements clandestins, on est passé à plus d’un million d’avortements légaux par an !

En France, par exemple, de la loi Veil (17 Janvier 1975), qui ne devait concerner « que » quelques cas exceptionnels, on est passé à 220.000 avortements par an ! L’avortement, qui était réprouvé par la plupart des femmes en 1975 est devenu une éventualité usuelle ! Ce qui prouve que pour beaucoup ce qui est légal est devenu moral. Une grave crise de civilisation est déjà là. Une femme sur trois a subi un avortement en France)

Le Dr. Nathanson souligne que l’argent des « cliniques » de l’avortement (au moins, aux U.S.A.) est géré par des groupes affiliés à la Mafia !

Mais, qu’en est-il avant que l’embryon ressemble à « un individu humain » ?

Jusqu’à 10 jours environ (après la fécondation), il faudra attendre que cet embryon prenne sa situation définitive dans l’utérus de sa mère ; les 4 ou 5 premiers jours, ce sera le transit de la trompe vers l’utérus ; les jours suivants, ce sera « l’errance » jusqu’à la fixation définitive dans l’utérus.

Les quatre ou cinq premiers jours dans la trompe seront marqués par une multiplication cellulaire à partir de l’ovule fécondé par le spermatozoïde du père pour aboutir à une morula de 32 cellules à sa pénétration dans l’utérus maternel (sans augmentation de volume).

Les jours suivants, ce blastocyste mettra plusieurs jours avant de s’implanter et ce n’est qu’à partir de cette implantation qu’il commencera à se développer, ainsi que le placenta qui va le nourrir …

Au 35° jour environ après la fécondation de l’ovule, le cœur de l’embryon et son système nerveux vont commencer à se développer, puis le cœur va battre déjà même si l’embryon ne mesurera « que » 7 millimètres … Plus tard, à 6 semaines, il en mesurera 14 et à 8 semaines, 30 millimètres. C’est à 5 semaines que l’embryon aura une morphologie qui le fera ressembler à un individu humain (c'est-à-dire 1 mois et 1 semaine) ! Mais auparavant, il va s’attacher définitivement à l’utérus maternel : il lui aura fallu quelques 4 jours pour aller de la trompe au corps utérin et, quelques jours de plus, pour s’arrimer définitivement au corps utérin.

Le terme de 14 jours a été arbitrairement choisi par la Commission Warnock en Grande Bretagne pour appeler cet embryon « pré-embryon » et ainsi permettre toutes les expérimentations (et aussi, malheureusement, les utilisations commerciales).

(Si en cas de diagnostic pré-implantatoire (c'est-à-dire in vitro) il est facile de déterminer le moment exact de la fécondation, il n’en était pas de même lorsque il s’agissait de diagnostic pré-natal, puisque la fécondation avait lieu dans la trompe à une date approximative. Mais c’est de l’histoire ancienne !)

Voici ce qu’en dit le Professeur Anthonioz, de la Faculté de Médecine de Tours : « Le record dans ce nominalisme est sans doute la terme « pré-embryon » inventé par les non-médecins : il est inacceptable, n’ayant aucune base biologique ou cellulaire. Ce terme que d’ailleurs que d’ailleurs les embryologistes n’utilisent pas a permis en son temps d’autoriser les chercheurs britanniques à manipuler les embryons humains. Ce temps du prétendu « pré-embryon » a été retenu, car il correspond à la durée durant laquelle l’embryon humain peut se diviser spontanément en jumeaux (vrais = homozygotes). On déclare donc que jusqu’à 14 jours, l’embryon humain n’est pas un individu (indivis). Ne devons nous pas penser, au contraire, qu’il mérite deux fois plus notre attention ? En tout cas, cette situation n’enlève rien à l’humanité de l’embryon. Chaque jumeau est une totalité humaine avec tout ce que cela comporte … » Bien sûr, c’est inacceptable, car, ce qui compte, ce n’est pas un problème de date, c’est le fait d’avoir ou non, les chromosomes de la mère seule ou bien ceux de la mère et du père …

Plus loin ce même Professeur fait les remarques que nous avons déjà soulignées concernant la notion de personne commençant dès la fécondation, relevant que la notion de personne potentielle est une création du Comité National d’Ethique qui a voulu ainsi contenter à peu près tout le monde (négligeant que l’individu incapable de communiquer est aussi une personne !)

*

La position de l’Eglise (c’est le cas aussi d’autres religions) est aux antipodes de la législation de presque tous les pays Occidentaux, le seul moyen pour ses membres de s’opposer à certaines lois, en particulier bioéthiques et concernant avant tout l’avortement, mais aussi la contraception, l’euthanasie, la stérilisation des handicapés est l’objection de conscience.

Mgr. Suaudeau, dans un ouvrage paru dans la collection « Evangile de la Vie » (Editions Peuple Libre, 26.000 Valence), qui s’appelle « l’Objection de Conscience » dresse le tableau d’abord de l’histoire de l’objection de conscience qui a commencé avec Socrate … (qu’il ne faut pas confondre avec la désobeïssance civile dont les plus illustres protagonistes ont été H.G. Thoreau, Thomas More et Gandhi). En effet cette objection à la différence de la précédente, ne concerne qu’une loi et qu’une personne ; elle est difficile à obtenir, car elle pourrait remettre en cause le pouvoir de l’Etat. Pour ce qui est de la France, cette loi remet en cause la Loi Veil adoptée par l’Etat le 17 Janvier 1975 concernant l’avortement qui devient ainsi légal ; elle a été précédée par la Loi Warnock en G.B. (1967) et l’amendement de la Cour Suprême aux U.S.A : Roë v. Wade (1973). La Loi Veil concerne tous les personnels de Santé et pas seulement les soignants fonctionnaires de l’Etat. Il est devenu de plus en plus difficile, bien qu’il y ait des amendements possibles, de s’opposer à cette Loi d’autant que les patients ne comprennent pas que leur médecin s’y opposent par liberté de conscience … (il en est de même pour les pharmaciens).

Depuis 1993, avec la Loi Neiertz, du 27 Janvier 1993, on a crée, en France, un nouveau délit : entrave à l’I.V.G.. Désormais, dans ce pays, il y a 220.000 avortements par an (en 2.013), sans compter ceux qui restent clandestins …Les mœurs suivent la Loi. ; Le milieu Catholique lui-même n’échappe pas à ce processus de « déculpabilisation » !

Ce processus est-il irréversible ? NON. Si l’on considère les U.S.A., on voit qu’il y a un net recul de la part des citoyens, qui pensent maintenant souvent que l’avortement consiste à supprimer une vie humaine.

Au n° 73 et 74 de Evangelium Vitae de Jean Paul II en 1975 (cité par Mgr. Suaudeau), il est noté : « L’avortement et l’euthanasie sont des crimes qu’aucune loi humaine ne peut prétendre légitimer. Des lois de cette nature, non seulement ne créent aucune obligation pour la conscience, mais elles entraînent une obligation grave et précise de s’y opposer par l’objection de conscience. Dès les origines de l’Eglise, la prédication apostolique a enseigné aux chrétiens le devoir d’obéir aux pouvoirs publics légitimement constitués (cf. Paul dans l’épître aux Romains 13, 1-7 ; 1 Pierre 2, 13-14), mais elle a donné en même temps le ferme avertissement « qu’il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Actes 5,29) ... Les Sages Femmes des Hébreux s’opposèrent au pharaon, qui avait donné l’ordre de faire mourir tous les nouveaux-nés de sexe masculin. « Elles ne firent pas ce que leur avait dit le roi d’Egypte et laissèrent vivre les garçons » (Exode 1,17). Mais il faut bien voir le motif profond de leur comportement « Les Sages Femmes craignirent Dieu » (ibidem). Il n’y a que l’obéissance à Dieu … pour faire naître la force et le courage de résister aux lois injustes des hommes. Ce sont la force et le courage de ceux qui sont prêts à aller en prison ou à être tués par l’épée, dans la certitude que cela « fonde l’endurance et la confiance des saints. » (Apocalypse 13,10 ; cf. les Actes des martyrs aux Premiers Siècles).

Saint Thomas d’Aquin disait déjà la même chose concernant des lois injustes auxquelles on ne peut souscrire (Somme Théologique I-II q. 96, a 4), page 72 de l’ouvrage de Mgr. Suaudeau. Le protocole d’objection de conscience n’est jamais simple et parsemé d’embûches ; les objecteurs de conscience sont toujours astreints à de multiples contrariétés : ce sont souvent de « véritables martyrs sociaux », mais très souvent, ils ouvrent des brèches essentielles.

(Dans le même ordre d’idée, il faut noter :

-la déclaration de la Congrégation de la Doctrine de la foi, sur l’avortement provoqué, 18 Juin 1974

-la Charte des personnels de santé, de la Librairie Editrice du Vatican, du Conseil Pastoral de la Santé, élaboré en 1995 (au n° 143)

-le livre de Mgr. J. Laffitte, également du Vatican, « Tolérance intolérante ? Petite histoire de l’objection de conscience» Ed. de l’Emmanuel, 2010

Et aussi l’instruction « Dignitatis Personae » sur certaines questions de bioéthique, de la Congrégation de la Foi, le 8 Septembre 2008.)

LA VIE

Le « grand texte » sur la Bioéthique est bien évidemment « Evangelium Vitae ». Ce texte fait partager, à nous tous, l’anxiété de Jean Paul II sur les dérives actuelles concernant la bioéthique (écrit en 1995, 19 ans après, il garde toute son actualité !) : sous prétexte de tolérance, s’est instauré un climat de relativisme moral inquiétant …

Jean Paul II a publié ce texte en1995, sans doute un de ses textes les plus importants de son pontificat, « L’Evangile de la Vie ». Il essayait ainsi de combattre les dérives Occidentales, d’abord concernant l’avortement, puis les dérives de la procréation médicalement assistée, qui aboutissent, si on n’y prend pas garde, d’abord à une chosification de l’embryon, et aussi à une contamination d’un monde qui avait traditionnellement un grand respect pour la vie, je pense au monde inter-tropical, souvent contaminé parce que l’aide des pays du Nord est souvent conditionnée par des mesures anti-natalistes

Au n° 60 de Evangelium Vitae : Certains tentent de justifier l’avortement en soutenant que le fruit de la conception au moins jusqu’à un certain nombre de jours ne peut pas être considéré comme une vie humaine personnelle. En réalité « dès que l’ovule est fécondé, se trouve inaugurée une vie qui n’est pas celle de la mère, ni celle du père, mais d’un nouvel être humain qui se développe pour lui-même. Il ne sera jamais humain s’il ne l’est pas dès lors. A cette évidence de toujours, la science contemporaine apporte de nombreuses confirmations. Elle a montré que dès le premier instant se trouve fixé le programme de ce que sera ce vivant, une personne, une personne individuelle avec ses notes caractéristiques déjà bien déterminées. Dès la fécondation, est commencée l’aventure d’une vie humaine, dont chacune des grandes capacités demande du temps pour se mettre en place et se trouver prête à agir. » (Jean Paul II, dans Evangelium Vitae, n° 20, citant la Déclaration sur l’Avortement Provoqué du 18 XI 1974, n° 12). Même si la présence d’une âme individuelle ne peut être constatée par aucun moyen expérimental, les conclusions de la science sur l’embryon humain fournissent « une indication précieuse pour discerner rationnellement une présence personnelle dès cette apparition d’une vie humaine. »(Instruction Donum Vitae du 22 février 1987, I, n°1)

D’ailleurs, l’enjeu est si important que du point de vue de l’obligation morale, la seule possibilité de se trouver en face d’une personne suffirait à justifier la plus nette interdiction de toute intervention conduisant à supprimer l’embryon humain. Précisément pour ce motif, au-delà des discussions philosophiques ou scientifiques, … l’Eglise a toujours enseigné qu’un respect inconditionnel est dû dès le premier instant de la fécondation à tout embryon humain. « L’être humain doit être respecté et traité comme une personne dès sa conception et donc dès ce moment on doit lui en reconnaître les droits de la personne parmi lesquels en premier lieu le droit inviolable de tout être innocent à la vie. » (Id. I n° 1)

La Vie est menacée ; Jean Paul II en était bien conscient lorsqu’il parlait de culture de mort.

Cette « dérive » risque d’aller beaucoup plus loin, puisque beaucoup réclament la légalisation de l’euthanasie, et que nous sommes déjà entrés dans la voie de l’eugénisme, en sélectionnant les embryons (diagnostic préimplantatoire) et en éliminant les embryons ne rentrant pas dans les normes voulues … (ainsi, lorsque le diagnostic de trisomie 21 est porté in vitro au cours de la grossesse, 96% des embryons sont éliminés !). Il y a un eugénisme, certes différent de celui du III° Reich, mais un eugénisme « technocratique », plus sournois et aussi dangereux !

Mgr. Suaudeau, dans la revue Képhas n° 30 de avril-juin 2009 a fait un article sur « eugénisme » : il distingue un « eugénisme scientifique » du début du XX° siècle, et un « eugénisme social », qui a culminé avec le Nazisme. Et bien vite, toute justification scientifique de cet eugénisme a été désavoué par les scientifiques … C’est surtout Penrose en 1948 qui a montré que la transmission génétique se faisait surtout quand les gènes étaient non-exprimés à l’état hétérozygote.

Mais, il existe un eugénisme contemporain, qui pousse à éliminer les embryons porteurs d’anomalie génétique, comme la trisomie, ou d’autres affections comme les myopathies.

Mgr. Lustiger avait déjà dénoncé la dérive « eugénique » du diagnostic préimplantatoire.

Jean Paul II nous dit que si les mots «Evangile de la Vie » ne sont pas dans la Bible, c’est que les Hébreux, puis les Chrétiens, avaient un tel respect de la vie, qu’il leur était impensable que ce « droit à la Vie » soit menacé ! Des mots comme avortement, euthanasie, stérilisation, ne sont pas envisageables en milieu judéo-chrétien ; et même des musulmans ou des personnes appartenant à d’autres religions asiatiques ou animistes se rallient à cette défense de la vie, ainsi que des incroyants.

… Benoît XVI reprend les Enseignements de son prédecesseur en ce qui concerne la vie et la famille ; l’exhortation « Familiaris Consortio», la « Lettre aux Familles » et l’encyclique Evangelium Vitae forment une sorte de triptyque concernant la vie et la famille.

Les paroles de Jésus, lors de Dernière Cène, paroles qu’Il adresse à Thomas : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » pour rappeler aux Apôtres sa filiation divine (Jean 14,6) ne sont pas forcément bien comprises des Apôtres. En outre, pour nous, peut être, le dernier terme « la Vie » est peut être sous estimé lorsque l’on pense aux deux premiers termes … ?

Et, pourtant, la vie est au coeur de son enseignement :

Il dit, en Jean 10,10, dans la Parabole du Bon Berger : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance »

Dans l’entretien avec Nicodème, Jésus dit : « Dieu a tant aimé le monde qu’Ila donné Son Fils Unique, afin que l’homme qui croit en Lui ne périsse pas mais qu’il ait la Vie Eternelle » ; nous voyons dès lors le lien que Jésus imprime entre la vie et la Vie Eternelle … (Jean 3,16)

Au cours de la Résurrection de Lazare, Il s’adresse à Marthe lui disant, avant la résurrection de son frère : « Je suis la résurrection et la Vie »

Dans la première Lettre de Saint Jean ( 1 Jean 1,1 à 3) : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons contemplé de nos yeux, ce que nous avons vu et que nos mains ont touché, c’est le Verbe, la parole de Vie. Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons contemplée et nous portons témoignage, nous annonçons cette vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée.»

Ce sont quelques exemples, mais les Evangiles et en particulier l’Evangile de Saint Jean en fourmillent …

Comme l’a rappelé Benoît XVI, les Droits humains et en particulier, le droit de chaque être humain à la vie, « trouvent leur fondement dans la loi naturelle inscrite au cœur de l’homme et présente dans les différentes cultures et civilisations. Détacher les droits humains de ce contexte signifierait restreindre leur portée et céder à une conception relativiste, pour laquelle le sens et l’interprétation des droits pourraient varier et leur universalité pourrait être niée au nom de différents conceptions culturelles, politiques, sociales et même religieuses. La grande variété des points de vue ne peut être un motif pour oublier que ce ne sont pas les droits seulement qui sont universels, mais également la personne sujet de ces droits » (Discours aux membres de l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies, le 18 avril 2008). Ce droit naturel touche tout homme quelque soit sa religion et permet à tous les hommes de la planète de parler ensemble, entre autres dans les Organisations Internationales

Notre morale est d’origine essentiellement anglo-saxonne et basée sur l’utilitarisme ; elle a envahi toutes les sphères de l’économie et tend à se répandre au-delà du monde de l’Atlantique Nord vers les pays de l’Est, et même le Tiers-Monde; toutes nos Lois y obéissent, c’est ce que le monde anglo-saxon appelle « la main invisible » (et qui n’est pas l’Esprit-Saint, loin de la !) … peu à peu, ces principes se sont éloignés de la morale catholique. Celle-ci est une morale du don, c’est un des qualificatifs les plus employés pour définir l’Esprit-Saint (Jean Paul II l’emploie 103 fois dans l’Encyclique « Dominum et Vivificantem » !) ; la morale que nous employons n’est plus une morale chrétienne, mais utilitariste il faut la détacher d’une morale comptable.

Pour les Chrétiens, s’opposer à l’avortement n’est pas seulement un droit, c’est aussi un devoir. Jérôme Lejeune disait, nous l’avons vu : « La transgression n’est nullement nécessaire, mais au contraire inutilement immorale ! ».

Il en est de même pour l’euthanasie.

Dans son Message pour la Journée Mondiale pour la Paix du 1° Janvier 2007, Benoît XVI disait, « Mon vénéré prédécesseur Jean Paul II en s’adressant à l’Assemblée Générale des Nations Unies, le 5 Octobre 1995, affirmait que « nous ne vivons pas dans un monde irrationnel ou privé de sens, mais que, au contraire, il y a une logique morale qui éclaire l’existence humaine et rend possible le dialogue entre les hommes et entre les peuples. » La « grammaire » transcendante, à savoir l’ensemble des règles de l’agir individuel et des relations mutuelles entre les personnes selon la justice et la solidarité, est inscrite dans les consciences, où se reflète le sage projet de Dieu. Comme j’ai voulu le réaffirmer récemment, « nous croyons qu’à l’origine, il y a le Verbe Eternel, la raison et non l’irrationalité.» La Paix est donc aussi une tâche qui oblige chacun à une réponse personnelle en harmonie avec le plan divin. Le critère dont doit s’inspirer une telle réponse ne peut être que le respect de « la grammaire » écrite dans le cœur de l’homme par son Divin Créateur.

… Le devoir de respecter la dignité de tout être humain dont la nature reflète l’image du Créateur comporte comme conséquence que l’on ne peut pas disposer de la personne selon son bon plaisir. La personne qui jouit d’un plus grand pouvoir politique, technologique, économique ne peut s’en prévaloir pour violer les droits des personnes moins chanceuses. C’est, en effet, sur le respect des droits de tous que se fonde la paix. Consciente de cela, l’Eglise s’emploie à défendre les droits fondamentaux de toute personne. Elle revendique en particulier le respect de la vie et de la liberté religieuse de chacun. La Vie est un Don ; le sujet n’en a pas la pleine disponibilité. De la même façon, le droit à la liberté religieuse met l’être humain en relation avec un Principe Transcendant qui le soustrait à l’arbitraire des hommes….La paix a besoin que s’établisse une frontière claire entre ce qui est disponible et ce qui ne l’est pas.

En ce qui concerne le droit à la vie, on doit dénoncer les terribles violations qui lui sont faites dans notre société : outre les victimes des conflits armés, du terrorisme et des multiples formes de violence, il y a les morts silencieuses provoquées par la faim, l’avortement, par l’expérimentation sur les embryons et par l’euthanasie. Comment ne pas voir en tout cela un attentat à la paix. L’avortement et l’expérimentation sur les embryons constituent la négation directe de l’attitude d’accueil envers l’autre qui est indispensable pour instaurer des relations de paix durables. »

Un peu plus tard, (le 13 Février 2010), il nous dira : « Les problématiques qui tournent autour du problème de la bioéthique permettent de vérifier à quel point les questions sous-jacentes mettent au premier plan la question anthropologique. Comme je l’affirme dans ma dernière Lettre Encyclique Caritas in Veritate : « Un domaine primordial et crucial de l’affrontement culturel entre la technique considérée comme un absolu et la responsabilité morale de l’homme est aujourd’hui celui de la bioéthique où se joue de manière radicale la possibilité même d’un développement humain intégral … Les découvertes scientifiques en ce domaine et les possibilités d’intervention technique semblent tellement avancées qu’elles imposent de choisir entre deux types de rationalité, celle de la raison ouverte à la transcendance et celle d’une raison close dans l’immanence technologique » (au n° 74) … il importe pour les générations à venir de mettre en œuvre un projet pédagogique intégral … surtout dans le rapport entre la foi et la raison.

Les questions de bioéthique mettent souvent au premier plan le rappel de la dignité de la personne un principe fondamental que la foi en Jésus Christ crucifié et Ressuscité a toujours défendu, surtout quand il est négligé, quand il s’agit de personnes simples et sans défense … Comme toute discipline, la bioéthique aussi a besoin d’un rappel capable de garantir une lecture cohérente des questions éthiques … C’est dans cet espace que s’ouvre le rappel normatif de la loi morale naturelle. La reconnaissance de la dignité humaine, en effet, en tant que droit inaliénable, trouve son premier fondement dans cette loi inscrite par le Dieu Créateur dans le coeur de l’homme que toutes les législations sont appelées à reconnaître comme inviolable et que toute personne est tenue de respecter et de promouvoir (cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique, n. 1954-1960). Sans le principe fondamental de la dignité de l’homme, il serait très difficile de trouver une source des droits de l’homme et impossible d’arriver à arriver à un jugement éthique face aux conquêtes e la science … Il est, par conséquent, nécessaire de répéter avec fermeté qu’il n’existe pas de compréhension de la dignité humaine liée à des éléments extérieurs comme le progrès de la science, les étapes de la formation de la vie humaine, en une pitié facile devant des situations limite ...

Conjuguer bioéthique et loi morale naturelle permet de vérifier au mieux le rappel nécessaire et incontournable à la dignité que possède la vie humaine de façon intrinsèque, dès son premier instant jusqu’à sa fin naturelle. Au contraire, dans le contexte d’aujourd’hui, bien que le juste rappel des droits qui garantissent les droits de la personne émerge avec plus d’insistance, on remarque que de tels droits ne sont pas toujours reconnus à la vie humaine dans son développement naturel et au cours des étapes où elle est la plus faible … Cette vie humaine est un sujet inaliénable de droits. L’histoire humaine a montré combien dangereux et délétère peut être un Etat qui légifère sur des questions qui touchent la personne et la société, en prétendant être lui-même la source et le principe de l’éthique. Sans des principes universels qui permettent un dénominateur commun à toute l’humanité, le risque d’une dérive relativiste au niveau législatif ne doit pas être sous-évalué (cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique n° 1959. La loi morale naturelle permet de conjurer ce danger et permet à des personnes de culture et de religion différente de dépasser ces différences …

La loi morale naturelle « appartient au grand patrimoine de la sagesse humaine que la Révélation, par sa lumière, a contribué à purifier et à développer davantage ».

(Le 13 Février 2010- A l’Académie Pontificale pour la Vie.)

Nous sommes au milieu d’une lutte énorme entre culture de la vie et culture de mort ; Jean Paul II en avait bien conscience lorsqu’il parlait aux évêques de France à Issy-les-Moulineaux d’une « métatentation » lors de son premier voyage en France, en 1980 ; c'est-à-dire tentation au-delà de toute tentation qui est celle de renier Dieu lui-même …

La « théorie du gender » (obsolète, mais entérinée à la conférence de Pékin) n’est que l’aboutissement de ce processus, dénoncé aussi avec force par son successeur Benoît XVI. A Berlin, ce dernier notait : « L’homme est en mesure de détruire le monde. Il peut se manipuler lui-même. Il peut pour ainsi dire, créer des êtres humains et exclure d’autres êtres humains du fait d’être des hommes. » (Discours le 22 Septembre 2011 au Parlement Allemand.)

Force est de constater que nous sommes parvenus à « l’apostasie silencieuse », dont parlait Jean Paul II dans « Ecclesia in Europa » (28 Juin 2003).

Mr. J.M. Le Méné, dans le livre déjà cité « Nascituri te salutant » (la crise de la conscience bioéthique) dit que la découverte du Pr. Yamanaka (2007) périme toutes les lois Bioéthique passées en France (1994 et 2004) ; malheureusement, cette dernière s’acharne dans ses recherches sur l’embryon, sans doute poussée par des intérêts financiers et allant au-delà de toute conviction religieuse ou philosophique, il nous affirme que l’embryon est le père de l’homme, même s’il n’a pas de voix. Il est temps que l’éthique dialogue avec la technoscience. « Qu’avons-nous fait jusqu’ici ? En fait, plutôt du biodroit que de la bioéthique …

La liberté de la technoscience s’arrête là où commence le respect de l’être humain, il prend le parti inverse : le respect de l’être humain s’arrête là où commence la liberté de la technoscience … faute de remettre la logique à l’endroit, la bioéthique reste figée dans des théories positivistes, progressistes et scientiste qui depuis belle lurette et notamment grâce à l’écologie et au développement durable ont été jetées aux orties.

L’enjeu d’aujourd’hui n’est-il pas de rendre la bioéthique capable de résister à l’anschluss de l’embryon par la technoscience … Disons pour résumer que ceux des scientifiques qui postulent -dans une profession de foi négationniste à la mode que l’embryon n’est pas un homme ne se placent dans les meilleures dispositions pour faire avancer l’humanité.

*

Au terme de ce travail, outre les avancées tadicales qu’apportent les travaux de Yamanaka, on pourrait se demander : quel en est le point central ? En fin de compte, ce point central en est (et ce qui peut paraître barbare aux non-initiés) l’indisponibilité des corps ; c'est-à-dire que les corps ne peuvent pas se négocier : en outre se situe le problème, non encore tranché par l’Etat français, du statut de l’embryon humain : est-ce une personne ?

Déjà, dans le dernier livre du Pentateuque (c'est-à-dire les 5 premiers livres de la Bible), Dieu dit à Moïse et par lui à tout le Peuple d’Israël : « Vois, Je te présente aujourd’hui vie et bonheur, mort et malheur … Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie pour toi et ta postérité tout entière. » (Deutéronome 30,15-19). Ce livre du Deutéronome a été retrouvé du temps du roi Josias quelques décades avant l’Exil à Babylone, même si les mots rapportés concernent Moïse, Dieu et le Peuple d’Israël lors de l’exode.

Si l’on y pend pas garde corps humain pourrait être chosifié, c'est-à-dire transformé en simple matière.

N.B. Comme l’a rappelé Benoît XVI, les Droits humains et en particulier, le droit de chaque être humain à la vie, « trouvent leur fondement dans la loi naturelle inscrite au cœur de l’homme et présente dans les différentes cultures et civilisations. Détacher les droits humains de ce contexte signifierait restreindre leur portée et céder à une conception relativiste, pour laquelle le sens et l’interprétation des droits pourraient varier et leur universalité pourrait être niée au nom de différents conceptions culturelles, politiques, sociales et même religieuses. La grande variété des points de vue ne peut être un motif pour oublier que ce ne sont pas les droits seulement qui sont universels, mais également la personne sujet de ces droits » (Discours aux membres de l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies, le 18 avril 2008). Ce droit naturel touche tout homme quelque soit sa religion et permet à tous les hommes de la planète de parler ensemble, entre autres dans les Organisations Internationales.

Ce 26 mars 2015, des nuages sombres s’amoncellent sur la vie en France, que ce soit à son début ou à son terme ; la loi de Mme Veil ne sera plus « une exception » et Marisol Touraine, Ministre de la Santé, envisage de supprimer le délai de réflexion quant à l’avortement, ce dernier devenant un droit des femmes, et pour ceux qui veulent « en finir » avec leur vie, le médecin ne pourra plus s’y opposer si des directives sont données en ce sens ; de même pour l’avortement, l’objection de conscience n’existera plus pour les médecins … Ce n’est pas encore voté à la Chambre en 2° lecture, mais, l’intention est celle-la.

En outre,, la « pilule du lendemain » pour les mineures pourraient être délivrées sans ordonnance par des infirmières scolaires et les avortements seraient réalisés par des sages-femmes (manque de médecins « volontaires » et disparition d’une génération militante, usée par l’age). En outre, le consentement au don d’organes est présumé en cas de mort inopinée sans avis de la famille.


 
 
 

Comments


Robin Duval -
Entrepreneur, Écrivain et Conférencie
  • Facebook Black Round
  • Google+ Black Round
  • Tumblr Black Round

Paragraphe. Cliquez ici pour ajouter votre propre texte.

Rédaction d'un
Business plan

 

COURS GRATUIT
(d'une valeur de 250  )
 

Paragraphe. Cliquez ici pour ajouter votre propre texte

Business Plan

Writing A-Z

 
FREE COURSE
(Valued at $250)
 

Learn all you need in order to create a

stellar business plan for your endeavor!

Mon livre
 

Paragraphe. Cliquez ici pour ajouter votre propre texte.

Par tags

© 2023 par Triomphe. Créé avec Wix.com

  • Facebook Black Round
  • Google+ Black Round
  • Tumblr Black Round
bottom of page